Depuis le début de la guerre en Ukraine, le cours du pétrole a subi de très importantes variations. Il est dans un premier temps monté en flèche, taquinant les 140 $/baril le 7 mars 2022* (plus haut en cours de séance à 139,13 $) à la suite des rumeurs d’embargo sur la Russie, le troisième plus gros producteur de pétrole derrière les États-Unis et l’Arabie Saoudite. Le cours s’est ensuite stabilisé au-dessus des 100 $ lorsque les investisseurs ont découvert une Europe énergétiquement aliénée à la Russie, incapable de mettre en place un embargo sur son énergie. Enfin, dernier volet de la saga, le cours a fini par chuter à la suite de deux événements majeurs. Premièrement, les États-Unis ont puisé début avril dans leurs réserves stratégiques des millions de barils, augmentant l’offre mondiale. Ensuite, la Chine, plus important importateur mondial de pétrole brut a à nouveau confiné une partie de ses habitants, diminuant la demande mondiale. Suivant la loi de l’offre et la demande, ces deux événements cumulés ont tiré les prix vers le bas.

La récente stabilisation des prix n’est toutefois pas acquise. La guerre continue de faire rage en Ukraine où les troupes russes se regroupent à l’est du pays autour de la ville de Marioupol et plus généralement dans l’est du Donbass. L’Europe est aussi à la recherche de nouveaux partenaires commerciaux pour réduire sa dépendance à la Russie et retrouver la liberté de pouvoir imposer un embargo sur l’énergie russe, dont la conséquence sur le cours du pétrole pourrait être très importante. Enfin, les réserves stratégiques américaines ne sont pas inépuisables et sans une augmentation de production de la part des pays du golfe, une baisse de l’offre pourrait à nouveau tirer les prix vers le haut. De la même façon, le confinement chinois est temporaire et un retour à la normale pourrait survenir dans les prochains mois.

Tous ces rebondissements ont eu pour conséquence une augmentation importante de l’inflation, en impactant le prix de tous les produits dérivés du pétrole dont l’essence, le plastique, certaines matières synthétiques… L’impact sur le pouvoir d’achat a d’ailleurs été au cœur des débats de la présidentielle française.

Thomas Jan
Société Générale Produits de Bourse, 14 avril 2022

* Source : Reuters