Un décrochage que l’on doit en partie à la France et à l’annonce fin août par François Bayrou de l’organisation d’un vote de confiance à l’Assemblée nationale, qui a replongé le pays dans l’instabilité politique. Comme tout le monde pouvait s’y attendre, François Bayrou a perdu ce vote, entraînant la chute de son gouvernement. Depuis, Sébastien Lecornu a été nommé pour lui succéder. Mais l’équation est toujours la même : faire voter un budget qui permet de réduire le déficit… dans une Assemblée divisée en trois blocs.
Pendant ce temps, les États-Unis ne s’embarrassent pas de considérations politiques. Une seule chose compte outre-Atlantique : l’intelligence artificielle. Cette thématique continue de porter les indices américains, malgré des valorisations qui rappellent la bulle de l’an 2000. Le mois de septembre restera d’ailleurs marqué par l’émergence d’un nouveau champion de l’IA : Oracle, dont la capitalisation a augmenté de 244 milliards de dollars sur une seule séance. Quand le marché prend conscience qu’il est peut-être passé à côté d’un gagnant de l’IA, « l’ajustement » est brutal.
Résultat, Wall Street a distancé l’Europe en 2025. Les indices européens qui, pourtant, avaient démarré l’année en fanfare, portés par la hausse des budgets militaires et la perspective d’une relance budgétaire en Allemagne. À l’issue du premier trimestre, l’écart de performance avec Wall Street était même historique.
Nous avons l’impression d’avoir vu ce film plusieurs fois : un bon départ des actions européennes, toutes les bonnes raisons pour les acheter, un narratif qui se met en place sur la thématique « cette fois c’est l’année de l’Europe »… et Wall Street qui écrase tout à la fin. Sur les 10 dernières années, le Stoxx 600 n’a battu le S&P 500 qu’à une seule reprise. C’était en 2022, année de correction marquée pour tous les indices.
Avec la récente baisse de taux de la Fed et les anticipations de nouveaux assouplissements monétaires d’ici la fin de l’année, les indices américains semblent encore bien positionnés à l’approche d’un dernier trimestre généralement positif pour les actions.
Concernant le CAC 40, ses composantes ont connu des parcours très disparates sur le dernier mois glissant. Kering s’envole de 19,6 %, Schneider Electric s’adjuge 9,1 %, Legrand 8,5 %, Airbus 8,2 %, Thalès 7,6 %, STMicroelectronics et Renault 4,9 %. En revanche, Edenred décroche de 23 %, Pernod Ricard cède 13,5 %, Sanofi et L’Oréal 8,7 %, Vinci 8,6 % et Accor 8,3 %.
D’un point de vue graphique, la configuration de l’indice parisien n’a pas du tout évolué. L’indice reste enfermé depuis le mois de mai au sein du range 7 546/7 969 points, testant successivement les deux bornes. L’instabilité politique française et la dégradation de la note souveraine devraient entre autres maintenir l’indice sous pression dans les prochaines semaines. Il nous paraît donc difficile que le CAC 40 puisse s’installer durablement au-delà des 8 000 points. Nous maintenons ainsi un biais baissier d’autant que les valorisations américaines sont assez élevées et que la saison des trimestriels approche à grands pas.
À l’heure actuelle, les analystes s’attendent à une croissance de 7.7 % des bénéfices des sociétés du S&P 500 pour le T3, selon le consensus Factset. Ces chiffres apparaissent plus optimistes puisque la croissance des bénéfices était anticipée à 7.2 % fin juin. Des déceptions au sujet de ces publications ou sur les perspectives des sociétés pourraient donc engendrer quelques prises de bénéfices des deux côtés de l’Atlantique.
Antoine Alves d’Oliveira
Responsable indices et produits dérivés
© 2025 zonebourse.com, 23 septembre 2025