ÉDITO

De la difficulté d’investir sur les matières premières dans des marchés actuels…

Un bon nombre d’entre vous le savent déjà, les matières premières ne sont pas une classe d’actifs sur laquelle il est simple d’investir. Contrairement aux actions, par exemple, l’achat au comptant sur les matières premières n’est pas impossible mais rarement réalisable…. Les délais de livraison, les capacités de stockage, la logistique sont autant de contraintes hors de portée des investisseurs particuliers. Qui peut donc entreposer dans son jardin ou dans son appartement des barils de pétrole par exemple ? Les investisseurs professionnels ne pouvant pas s’exposer également directement au marché au comptant, ils se reportent sur le marché à terme.

Un contrat à terme, “Future” en anglais, est un engagement de livraison standardisé à une date donnée. Les contraintes sont nombreuses : gare à l’investisseur qui ne pourra pas revendre son contrat avant sa date maturité car il serait alors obligé de tenir son engagement de livrer la marchandise ! C’est précisément ce qui est arrivé le mois dernier sur les contrats Futures sur le pétrole West Texas Intermédiate plus connu sous le nom de WTI. Bon nombre d’investisseurs, pour la plupart des professionnels se sont fait surprendre. Ne souhaitant pas être dans l’obligation de livrer du pétrole, ils ont tous voulu revendre au même moment leurs contrats et ont fait sombrer le cours du contrat Future d’échéance mai 2020 à un cours négatif ! Moins 39 $ le baril. En d’autres termes si vous acceptez de livrer un baril de pétrole à l’échéance du contrat on vous donne 39 $ ! Une situation tout à fait exceptionnelle et inédite. Comment en sommes-nous arrivés là ? La baisse de la consommation a entraîné une chute exceptionnelle des cours mais aussi une saturation inhabituelle des capacités de stockage à travers le monde. Or, il n’est pas facile de réduire la production d’un puits de pétrole comme on pourrait fermer un robinet d’eau… le seul moyen de limiter la production d’un exploitant est de stocker les invendus. Quand tous les producteurs se retrouvent dans la même situation, les coûts de stockages montent et les Futures d’échéance plus lointaine voient leur prix augmenter de la même manière. C’est ce qu’on appelle l’effet “contango” en anglais.  Un contrat Future d’échéance au mois de septembre sera plus cher que le contrat d’échéance du mois d’août car il faut stocker le pétrole un mois de plus ! Attention aux détenteurs de produits de Bourse quand l’effet « contango » est important comme ce fut le cas de manière exceptionnellement marquée pendant le mois de mars et le mois d’avril 2020. Le cours des instruments financiers indexés sur le pétrole peut baisser très fortement sur un mois alors que le cours du pétrole négocié reste stable. Il peut donc être très difficile, dans des conditions extrêmes telles que nous les expérimentons,  de prévoir les mouvements des produits.

Ainsi, si on anticipe un mouvement du pétrole moins important que l’effet « contango » se matérialisant par la différence entre les cours des contrats Futures de plusieurs échéances (entre le cours du contrat Future Brent d’échéance août 2020 et le cours du contrat Future Brent d’échéance septembre 2020  par exemple) le produit de bourse peut perdre de la valeur sur une période de 1 mois alors même que le cours du Contrat Future de 1ère échéance augmente (car le produit aura changé de contrat de référence entre temps…!). Pour plus d’information sur le sujet nous vous encourageons à télécharger notre brochure « Investir sur les matières premières » en accès gratuit sur le site SGBourse.fr rubrique formation.

Thibaud Renoult
Responsable Produits de Bourse Société Générale

“La baisse de la consommation a entraîné une chute exceptionnelle des cours mais aussi une saturation inhabituelle des capacités de stockage à travers le monde. Or, il n’est pas facile de réduire la production d’un puits de pétrole comme on pourrait fermer un robinet d’eau…”

STRIKE 213

CHIFFRES CLÉS

5 Mds€

C’est le montant du prêt envisagé par l’État français pour venir en aide au constructeur automobile Renault (source ministère de l’Économie).
Source : ministère de l’Économie

11,2 millions

C’est le nombre de demandes actives de chômage partiel des salariés du secteur privé en France à la mi-mai
Source : ministère du Travail

-2,2 %

C’est le recul du PIB allemand au premier trimestre de 2020 par rapport au trimestre précédent.
Source : Office fédéral de la statistique