l’euro/dollar
L’euro souffre de la situation politique en Europe
Nous l’écrivons régulièrement dans ces colonnes, les (anticipations) politiques monétaires sont l’un des principaux drivers des mouvements sur le marché des changes. Ainsi, lorsqu’une banque centrale entame un cycle agressif de resserrement ou de baisses de taux, les cambistes effectuent généralement les arbitrages qui s’imposent pour réajuster leurs positions et profiter si possible des mouvements de carry.
Si la règle est simple, elle n’est pas toujours reflétée dans le price action des devises concernées. Pour cette raison, il est toujours plus prudent d’attendre un alignement entre vision macro et configuration graphique afin de maximiser ses chances de succès.
Pour illustrer ce propos, reprenons le fil de l’histoire récente. En début de mois, la Banque centrale européenne joignait les gestes à la parole et diminuait d’un quart de point ses principaux taux directeurs. « Logiquement », nous aurions pu nous attendre à une baisse de l’euro face à un dollar qui bénéficie toujours de taux élevés. Pour autant, à ce moment-là, l’EURUSD tutoyait encore sa résistance à 1,0890.
Les choses ont réellement commencé à se corser avec la publication des créations d’emplois non agricoles aux États-Unis. Le résultat des élections européennes suivi par la dissolution de l’Assemblée nationale par le Président français a définitivement enfoncé le clou. La devise est alors sortie par le bas de son canal haussier en cours depuis avril en rupture des 1,0790/1,0810, zone qui fait désormais office de première résistance à la hausse.
En parallèle, le CAC 40 souffre également de l’instabilité politique, de la hausse du spread de taux avec l’Allemagne et de l’explosion des CDS. Autant dire que la volatilité devrait rester élevée jusqu’au premier tour des élections législatives, prévue le 30 juin. Dans ce contexte, l’euro devrait rester sous pression avec une cible autour des plus bas de l’année à 1,0620.
Yves Sanquer
Source : zonebourse.com, 21 juin 2024