2 %. C’est l’objectif bien connu d’inflation de la Banque Centrale Européenne ; mais c’est également le niveau en dessous duquel est passée l’inflation de la Zone Euro sur un an au mois de mai 2025, avec des prix qui n’ont augmenté que de 1,9 % sur un an. Du jamais vu depuis mi-2021, ou presque, puisque 2024 avait connu un mois d’octobre avec une inflation inférieure à 2 %.

Pour la France, ce chiffre ne dépasse pas les 0,7 %, creusant l’écart avec les prévisions gouvernementales qui prévoient 1,4 % en moyenne pour 2025. La Suisse est quant à elle entrée en territoire négatif, et a enregistré une déflation pour la première fois depuis mars 2021.

Un des facteurs de la baisse de l’inflation est l’appréciation de l’euro face au roi déchu dollar. Depuis le début de l’année, la monnaie européenne s’est appréciée de 10 %. De facto, les factures payées en dollars sont ainsi moins douloureuses pour les habitants du vieux continent.

Les multiples annonces du président américain, relatives aux droits de douanes ou à d’autres sujets divers, ont perturbés les acteurs économiques mondiaux, ou ont du moins suscité leur attention. Ainsi, certains considèrent que l’incertitude peut dissuader les agents économiques d’investir et entraîner une baisse de l’activité qui pourrait résulter, in fine, en un ralentissement voire en une récession économique.

À cela est venu s’ajouter le projet des pays producteurs de pétrole d’augmenter l’offre, ce qui a accentué la baisse des prix. Plus récemment cependant, l’attaque de l’Iran par Israël a renversé la tendance et fait flamber les prix du pétrole qui se sont envolés d’environ 13 % le 13 juin. Outre les potentielles destructions des infrastructures énergétiques, l’Iran avait menacé de fermer le canal d’Ormuz en cas d’attaque. Le pétrole repart donc à la hausse.

Ainsi, la Banque Centrale Européenne a, comme on pouvait s’y attendre, diminué son taux d’intérêt directeur, ce qui le porte désormais à 2,25 points. Alors qu’au moment de la décision, de nouvelles baisses étaient préconisées par certains analystes, l’arrivée de ce nouveau conflit a priori inflationniste fait souffler un nouveau vent d’incertitude sur l’économie mondiale.

Chloé Bonnaffoux
Société Générale Produits de Bourse, 23 juin 2025

Source : Bloomberg, Marketmap, Zonebourse