Le CAC 40 a rebondi de près de 3 % depuis son point bas du 21 novembre, témoignant ainsi d’une déconnexion relative entre les fondamentaux des multinationales françaises, largement internationalisées, et les tourments budgétaires domestiques. En effet, le Parlement n’est pas parvenu à voter un budget pour 2026. Une loi spéciale devrait ainsi être votée, permettant de reconduire les dépenses et de continuer à lever les impôts. Mais le débat budgétaire reprendra à la rentrée, prolongeant ainsi l’incertitude. Un contexte qui pousse le rendement de l’OAT à 10 ans à la hausse.
Au-delà des frontières, le contraste reste frappant avec Wall Street qui continue de jouer son rôle de locomotive mondiale. Le S&P 500 a repris plus de 5 % sur la même période, porté par des publications encourageantes dans les semi-conducteurs et l’écosystème IA (perspectives de Micron, appétit pour les mégacaps, flux vers le cloud…). De bonnes nouvelles qui ont éclipsé les craintes de bulle, alors que les niveaux de valorisations inquiètent les investisseurs.
Dans le même temps, l’économie américaine reste résiliente. La décrue du CPI américain en novembre, malgré des données partiellement perturbées par le shutdown, a par ailleurs laissé au marché l’espoir de nouvelles baisses de taux en 2026, si la désinflation se confirme. En décembre, la Fed a procédé à une baisse de ses taux directeurs de 25 points de base, pour les ramener dans une fourchette de 3,50 % à 3,75 %.
En Europe, la BCE a, quant à elle, laissé ses taux inchangés et relevé légèrement ses projections de croissance (+1,4 % pour cette année et +1,2 % pour 2026), tandis que l’inflation est attendue proche des 2 % sur l’ensemble de l’horizon de prévision. Un cocktail qui fait du statu quo sur les taux le scénario central pour 2026.
Le CAC 40 termine ainsi l’année sur une note de résistance. L’attention des marchés se tournera désormais vers les premiers indicateurs de consommation du mois de janvier qui détermineront si l’élan actuel peut perdurer pour le premier trimestre de la nouvelle année. Viendront ensuite les résultats d’entreprise, à partir de mi-janvier.
Au niveau de ses composantes, certaines ont majoritairement contribué à l’embellie de l’indice, notamment les valeurs bancaires, les minières et les technologiques. Société Générale s’adjuge 18,9 %, STMicroelectronics 18,1 %, BNP Paribas 13,4 %, Stellantis 13 %, ArcelorMittal 11,5 %, Carrefour 10 %, Crédit Agricole et Capgemini 9,5 %. Quelques titres restent néanmoins à la traîne, à l’image d’EssilorLuxottica qui perd 11,5 %, Pernod Ricard qui recule de 6,4 %, ou encore Sanofi et Air Liquide qui cèdent respectivement 5,2 % et 3,4 %.
En données hebdomadaires, la configuration de l’indice parisien demeure positive, à l’image de la bonne orientation de la moyenne mobile à 20 semaines située vers 8 000 points. Le CAC 40 revient ainsi à 200 points de son record absolu (110 points de son record en clôture hebdomadaire).
À plus court terme, l’indice peine à accélérer à la hausse, malgré des indices américains qui flirtent à nouveau avec leurs plus hauts. Il faudra rapidement déborder la zone des 8 150 points pour pouvoir retourner tester les 8 258/8 314 points.
A contrario, une rechute sous les 8 000 points pourrait constituer une première indication baissière, militant pour des prises de bénéfices plus marquées en direction des 7 919/7 787 points. Les premières séances de l’année devraient être déterminantes pour la suite.
Laurent Polsinelli
Responsable indices et produits dérivés
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