Luca de Meo quitte Renault pour prendre la tête de Kering. Ce fin stratège du redressement d’entreprise n’a jamais dirigé de maison de luxe. Mais son flair marketing, sa passion pour les produits haut de gamme et ses succès passés en font un candidat idéal pour sortir le groupe de la famille Pinault de la noyade.

De Fiat (renaissance de la 500) à Volkswagen où il a contribué à faire émerger la marque Cupra, puis Renault au plus fort de la crise du Covid, de Meo s’est imposé comme un spécialiste des virages périlleux. Chez le constructeur français, il a lancé « Renaulution », un plan en trois phases. « Résurrection » (2021-2023) avait pour objectif de restaurer les marges, réduire les coûts, optimiser les capacités de production et se concentrer sur les modèles les plus rentables. « Rénovation » a enrichi la gamme et a mis l’accent sur l’innovation et la montée en gamme (R5 électrique, Alpine, F1). Le dernier acte, « Révolution », amorce la mutation vers une entreprise technologique, qu’il laisse donc à ses successeurs.

Il quitte un groupe assaini, également libéré du carcan Renault-Nissan-Mitsubishi. Le bilan salué pour son efficacité hors des schémas traditionnels. Chez Kering, le secteur est différent mais l’enjeu est similaire. Gucci, la principale marque (45 % du CA), ne séduit plus depuis de nombreux trimestres. La dette progresse, la gouvernance a changé à plusieurs reprises sans amélioration notable et la demande chinoise patine. Le secteur du luxe, mis à mal par l’inflation et les incertitudes géopolitiques, ne laisse la place qu’aux marques les plus solides comme Hermès, Brunello Cucinelli et certaines de LVMH.

L’arrivée de Luca de Meo chez Kering est un pari. Mais ils sont peu sur le papier à être aussi bien armés que lui pour pouvoir redonner vie au groupe de luxe qui tourne en rond depuis trois ans. Notre équipe d’experts estime que l’arrivée de Luca de Meo est une chance pour Kering. Nous visons 235 € sur la valeur, soit un potentiel de 30 %.

Adrien Chavanne
© 2025 zonebourse.com, 23 juin 2025