L’ANALYSE

La Fed remise la planche à billets

Les principales banques centrales occidentales avaient placé une réunion de politique monétaire lors de la semaine du 13 au 20 décembre, histoire de passer tranquillement les fêtes de fin d’année. Mais n’allez pas croire que l’exercice s’annonçait de tout repos, puisqu’elles avaient à composer avec une équation fort complexe faite d’inflation, de taux plancher, de coronavirus, de marchés du travail en surchauffe, de croissance mondiale et que sais-je encore.

C’est la Fed, la banque centrale américaine, qui suscitait le plus d’attentes comme il se doit. Et force est de constater qu’elle s’en est tirée fort honorablement puisqu’elle est parvenue à faire passer un message un peu plus ferme que prévu sans faire dérailler des marchés actions que l’on dit pourtant un peu trop portés sur la planche à billets. Jerome Powell, qui entamera en février un second mandat, a expliqué que l’économie américaine est suffisamment vigoureuse pour se passer du plan de rachat d’actifs mis en place pour soutenir l’économie. C’est le fameux « tapering », qu’un lecteur conseillait joliment de traduire par « estompement ». Le programme de rachat américain sera donc totalement estompé d’ici le mois de mars.

Mieux, Powell et son orchestre ont annoncé un calendrier de hausse de taux. Il y en aura trois en 2022, puis trois autres en 2023 et enfin deux en 2024. Le tempo est passé de l’adagio à l’allegro. En temps normal, les annonces de resserrement monétaire ne sont pas vraiment du goût des investisseurs, qui voient poindre à l’horizon la réduction de la liquidité disponible. Cette fois, le prélude avait été assez bien élaboré et personne n’a été pris par surprise, même si la banque centrale américaine a dû changer de partition dans la précipitation ces dernières semaines, à cause de la surchauffe du marché du travail et de la persistance d’une inflation élevée. Les investisseurs ont apprécié d’une part la clarté du calendrier et d’autre part le fait que le niveau des taux directeurs à la fin 2024 sera au final proche de ce qui était prévu. La différence, c’est un effort additionnel dès 2022, initiative bien accueillie par les marchés qui y voient un moyen de juguler les pressions inflationnistes plus efficacement. En donnant l’impression de reprendre le contrôle des événements, la Fed est parvenue à faire oublier que la planche à billets va prendre quelques congés.

Patrick Rejaunier
© 2021 zonebourse.com, 17 décembre 2021

PATRICK REJAUNIER

“En temps normal, les annonces de resserrement monétaire ne sont pas vraiment du goût des investisseurs, qui voient poindre à l’horizon la réduction de la liquidité disponible.”

CHIFFRES CLÉS

915 454

C’est le nombre de créations d’entreprises en France sur les 11 premiers mois de 2021, suffisant pour détrôner le précédent record du nombre d’entreprises créées sur une année civile (840 000 durant l’année 2020).

Source : Bloomberg

2,8 %

C’est le taux d’inflation sur un an en France, le taux était de 0,2 % en novembre dernier.

Source : Reuters

50000000000 €

C’est le montant de la dette que la commission européenne va émettre pendant le premier semestre 2022 dans le cadre du plan NextGenEU*.

* NextGenEU : plan de relance européen proposé en mai 2020 par la Commission Européenne pour pallier aux conséquences économiques de la crise sanitaire.

Source : Bloomberg