Après un mois de juillet en dents de scie mais plutôt positif pour les indices boursiers, la tendance s’est inversée au mois d’août. La saison estivale se terminera dans le rouge. L’inquiétude des investisseurs quant à l’état de l’économie chinoise s’est accrue suite à de nombreuses publications négatives. Les exportations ont reculé plus que prévu (-14,5 % en juillet), la production industrielle peine à se redresser avec une hausse de seulement +3,7 % sur un an (contre +4,4 % en prévision) et les prêts octroyés aux ménages, au plus bas depuis 2008, totalisent un montant de 345,9 milliards de yuans. Enfin, le chômage chez les jeunes a doublé en 5 ans pour s’établir à 21,3 % en juin, un record. En réponse à cela, depuis juillet, le gouvernement a simplement décidé de ne plus publier cette donnée.

Dans ce contexte économique fragile, certains secteurs font pâle figure et celui de l’immobilier n’est pas en reste. À l’instar d’Evergrande, c’est aujourd’hui Country Garden, l’un des fleurons chinois de la promotion immobilière, qui menace de s’effondrer. La société fait face à un niveau d’endettement extrêmement important d’un montant de 150 milliards d’euros à fin 2022 et l’agence Bloomberg estime à présent cette dette à 176 milliards d’euros. À cela s’ajoute une chute du prix de l’immobilier qui perdure depuis fin 2021, notamment dans les zones urbaines les moins peuplées. Les craintes sont donc d’autant plus importantes vis-à-vis de Country Garden puisque, selon Reuters, 62 % des projets réalisés en 2022 se situent dans ces régions. Enfin, les ventes des 100 premiers promoteurs chinois ont reculé de 33 % sur un an et faute d’acheteurs, il devient compliqué pour ceux-ci de rembourser leurs dettes.

L’immobilier compte pour plus d’un quart du PIB chinois et a représenté une véritable locomotive de la croissance chinoise ces dernières années. Les difficultés touchant ce secteur ont donc un impact global sur l’économie chinoise. D’une part, ce secteur constitue pour beaucoup de chinois une large partie de leur épargne. D’autre part, le secteur bancaire est lui aussi très largement investi et certains acteurs en font déjà les frais. Zhongrong International Trust Co, société fiduciaire chinoise, a annoncé mi-août qu’elle ne pourrait respecter ses obligations de remboursement pour des dizaines de produits arrivés à échéance. Ce risque de contagion ne concerne pas uniquement la Chine puisque certains acteurs internationaux comme BlackRock, HSBC ou encore Allianz, pour ne citer qu’eux, sont également exposés à la dette de Country Garden.

Face à cette situation, le gouvernement chinois se contente de poursuivre sa baisse des taux dont l’impact peine à se faire ressentir. Il semble plus que nécessaire d’établir un véritable plan de relance. Affaire à suivre…

Emerick Gandais
Société Générale Produits de Bourse, 23 août 2023

Source : Bloomberg