ÉDITO

Le come-back(1) du Sherman Anti-trust Act ?

Le 15 mai 1911, il y a quasiment 110 ans jour pour jour, le congrès américain ordonnait la dissolution de la Standard Oil Company sur la base du Sherman anti-trust Act, ancêtre du droit de la concurrence moderne.

La compagnie pétrolière dirigée par le très célèbre John D. Rockefeller, considérée en situation de monopole, est alors divisée en 34 compagnies pétrolières dont les plus connues, Exxon et Mobil (aujourd’hui fusionnées), Chevron, Texaco (fusionné depuis avec Chevron), Amoco et Sohio (aujourd’hui rachetées par BP) et enfin Marathon… Ces noms donnent une idée de ce que cette compagnie pouvait représenter il y a plus d’un siècle2.

Le tsunami provoqué par cette décision – et quelques autres comme le démantèlement de l’American Tobacco Compagny par exemple – reste dans les mémoires des analystes financiers… La nomination récente de Lina Khan comme commissaire à la concurrence par le nouveau président américain Joe Biden le rappelle à leur bon souvenir, et plus particulièrement à ceux qui suivent les GAFA3.

Lina Khan, dont l’article publié en 2016 dans la revue de Droit de l’université de Yale intitulé « le paradoxe antitrust d‘Amazon », avait fait grand bruit. Cet article théorique qui remettait en cause le fait que certaines sociétés ne devraient pas être exonérées de poursuites anti-concurrentielles lorsque leur clientèle est contente du service qu’elles apportent (si on peut le résumer grossièrement ainsi), a dépassé largement son autrice en faisant d’elle une icône de la lutte de certains activistes contre les géants du net et cela malgré elle, d’après ses déclarations dans la presse anglo-saxonne.

Mais de la théorie à la pratique, il n’y a qu’un pas et certains s’en inquiètent quand même pour l’avenir de ces icônes numériques dont la trésorerie de plusieurs centaines de milliards de dollars leur permet au contraire de continuer de grandir et de multiplier les acquisitions. Voilà un sujet passionnant à suivre dans les prochains mois qui pourrait potentiellement générer des mouvements boursiers significatifs. Bonne lecture du numéro 223 de Strike !

Thibaud Renoult
Responsable Produits de Bourse Société Générale

1. De l’anglais : le retour.
2. 30 ans plus tard, ces compagnies représentaient à elles seules 5 de ce qui était appelé le cartel des 7 sœurs qui formait l’oligopole transnational.
3. GAFA, acronymes désignant les géants de l’industrie numérique Google Amazon Facebook Apple.

Ces icones numériques dont la trésorerie de plusieurs centaines de milliards de dollars leur permet (…) de continuer de grandir et de multiplier les acquisitions

STRIKE 223

CHIFFRES CLÉS

400 millions

L’obstruction du Canal de Suez par le porte-conteneurs « Ever Given » a coûté 400 millions de dollars par heure au commerce mondial.
Source : Forbes

569 milliards

Les investissements sur actions s’élèvent à plus de 569 milliards de dollars au cours des cinq derniers mois et dépassent ceux des 12 années précédentes (425 milliards de dollars).
Source : CNBC

+ 73,98 %

Le CAC 40 a connu une hausse de +73,98 % entre le 16/03/2020 (3 632 points) et le 19/04/2021 (6 319 points)
Source : Bloomberg