L’ANALYSE

Leçon de contre-mondialisation

La multiplication des supports d’investissement et la démocratisation de l’accès aux marchés financiers permettent à n’importe quel investisseur particulier d’accéder à un vaste univers de possibilités de placement. Pour le meilleur, mais parfois aussi pour le pire. Et je ne parle pas là de produits exotiques attrape-gogos promettant des rendements faramineux sans aucun risque. Restons sur le plan des actions et parlons si vous le voulez bien uniquement de géographie. J’entends parfois dire que de toute façon, les marchés actions fonctionnent tous à peu près au diapason et que les grands mouvements sont omnidirectionnels.

Un simple regard sur l’année 2021 permet d’apporter un démenti catégorique : les écarts de performance sont considérables entre les marchés développés et les marchés émergents. À titre d’exemple, l’indice MSCI World Index, qui couvre les grands marchés boursiers occidentaux et d’Asie Pacifique (hors Chine), a gagné 23,5 % depuis le 1er janvier, quand son homologue pour les marchés émergents, le MSCI Emerging Markets, perd 1,7 % (ces variations sont fournies hors effet de change). Ce différentiel de 25 % montre qu’un investisseur européen peut très bien être en performance négative cette année sur un produit de gestion passive exposé aux marchés émergents, alors que son voisin investi uniquement sur des indices occidentaux aura encore connu un grand millésime.
Sur ces marchés émergents, de grands indices sont à la traîne. Je pense principalement à la bourse de Sao Paulo, où le Bovespa perd 14 % en 2021, mais aussi à la Chine, avec un indice MSCI China en retrait de 13 %. La locomotive asiatique, Hong Kong, est à peine mieux lotie avec un recul de 8 % cette année. Ce qui matérialise une sous-performance de 33 % par rapport au S&P 500 américain et même de 36 % par rapport au CAC 40 français en 2021.

La diversification a du bon, évidemment. Et l’accès à toute une palette de produits à des conditions financières impensables il y a encore quelques années l’est aussi. Mais dans ce domaine comme dans le reste de l’investissement financier, il faut faire preuve de rigueur, bien comprendre dans quoi on investit et être conscient que les risques qui pèsent sur les marchés matures ne sont pas forcément ceux qui affectent les marchés émergents. Une mondialisation imparfaite en somme.

Patrick Rejaunier
© 2021 zonebourse.com, 22 novembre 2021

PATRICK REJAUNIER

“La diversification a du bon, évidemment. Et l’accès à toute une palette de produits à des conditions financières impensables il y a encore quelques années l’est aussi.”

CHIFFRES CLÉS

6,2 %

Publié en novembre, c’est le niveau atteint par l’inflation sur un an aux États-Unis, la plus forte hausse enregistrée depuis 1990. Elle concerne tous les secteurs et est désormais répandue dans la plupart des produits de consommation.

Source : U.S. Bureau of Labor Statistics

131

C’est le nombre de pays signataires de la Déclaration de New York sur les forêts à la suite de la COP26 à Glasgow. Ces pays, représentant environ 90 % des forêts du monde, se sont engagés à stopper et à inverser la déforestation d’ici 2030.

Source : Service d’information du Gouvernement

2,7 Mds

C’est ce que représentent les ventes aux enchères, en milliards de dollars, sur l’exercice 2020-2021. En progression de +117 %, ces ventes ont été boostées par le phénomène des NFT, « non-fungible token ».

Source : Le Figaro, novembre 2021