L’ANALYSE

Les banques centrales évacuent le stress

Le 23 mars dernier, à la clôture des marchés, le S&P500 venait d’inscrire un plus bas depuis juin 2016. La séance concluait une baisse violente rarement vue. Cette dislocation des valorisations a généré, en parallèle une explosion du VIX (indice de volatilité du marché américain), l’indice de la peur. Les trajectoires s’opposaient, mais ne l’étaient pas en réalité, car elles confirmaient chacune, le stress maximum engendré par la pandémie du Covid-19, et ce voyage vers l’inconnu.

Quelques semaines plus tard, l’ambiance a considérablement évolué, même si le virus n’a pas fini de circuler. Les indices outre-Atlantique ont en effet accompli graphiquement de puissants retracements, alors que la crise sanitaire restait profonde et fortement destructrice d’emplois. Rien que sur le sol américain, c’est plus de 30 millions de chômeurs, qui ont été recensés en six semaines. Au zénith de ce rebond indiciel, certaines actions américaines se sont même payé le luxe de battre leurs records historiques. Wall-Street a donc chassé l’un des pires stress de son histoire attestant une véritable décorrélation entre la dégradation de la situation économique et les farouches relances indicielles.

L’intervention soudaine et pharaonique des banques centrales a permis de remettre du carburant dans le moteur de la hausse des actions, ce dernier s’était grippé depuis fin février. Le fait de racheter des « Fallen Angels » (entreprise dont la dette vient d’être dégradée) par la FED, prouve la profondeur des dispositions. La macro moderne se caractérise par une nouvelle théorie monétaire qui se montre généreuse en liquidités, poussant ainsi les actifs financiers à la hausse. Ces interventions abondantes vont peut-être permettre d’établir un pont entre l’avant Covid et le retour à une situation normale. Cela dépendra certainement de la configuration de la reprise, les spécialistes énoncent différentes hypothèses. À chacun son scénario, avec une prédominance pour une reprise en U.

Les investisseurs, toujours à l’affût des rendements, appliquent le « There Is No Alternative ». Cette résolution profite aux géants de l’internet, champions dans un monde normal mais aussi gagnants dans ce nouvel environnement. L’hégémonie des GAFAM s’amplifie jusqu’à représenter, à début mai, 50 % de la capitalisation du Nasdaq 100.

Une hausse qui se veut, par conséquent, très sélective.

Patrick Rejaunier
© 2020 zonebourse.com, 19 mai 2020

PATRICK REJAUNIER

“Les indices outre-Atlantique ont en effet accompli graphiquement de puissants retracements”

CHIFFRES CLÉS

5 Mds€

C’est le montant du prêt envisagé par l’État français pour venir en aide au constructeur automobile Renault (source ministère de l’Économie).

Source : ministère de l’Économie

11,2 millions

C’est le nombre de demandes actives de chômage partiel des salariés du secteur privé en France à la mi-mai

Source : ministère du Travail

-2,2 %

C’est le recul du PIB allemand au premier trimestre de 2020 par rapport au trimestre précédent.

Source : Office fédéral de la statistique