L’ANALYSE

Quand la Chine s’éveillera

Psychologiquement, les débuts d’année sont souvent propices à l’investissement, surtout quand le millésime précédent a tourné au naufrage. C’est ce qui se produit sur cet enchaînement 2022 / 2023. Les marchés actions sont dopés au « verre à moitié plein ». L’inflation ralentit, la météo a offert à la vieille Europe un répit inattendu sur le front énergétique et les indicateurs économiques continuent à défier les alertes à la récession et à la stagflation. En parallèle, la Chine a l’air de sortir de sa torpeur, ce qui pourrait aider l’économie mondiale à traverser les remous qui se profilent encore à l’horizon.

Pour autant, il me faut rappeler ici que le réveil chinois est une thématique que les stratèges sortent régulièrement de leur chapeau, avec un historique discutable au cours des dernières années. Sur 10 ans, le Hang Seng est toujours en territoire négatif en dépit du gros rebond amorcé fin 2022 et le MSCI Chinois s’offre un petit gain de 10 %. Dans le même temps, le S&P 500 américain a bondi de 170 % et le Stoxx Europe 600 européen de 60 %. Il y a bien eu des envolées spectaculaires… mais elles ont été suivies de gamelles mémorables. En réalité, l’arlésienne que tout le monde attend, c’est un virage politique résolument pro-économie de la Chine. Les thématiques historiques comme « l’atelier du monde » touchent à leur fin et le bras de fer engagé avec les États-Unis a changé la donne. Quant aux relais de croissance mis en place jusque-là, ils n’ont pas encore tenu leurs promesses.

Mais un électrochoc s’est peut-être produit mi-janvier : Pékin a annoncé une croissance de 3 % au titre de l’année 2022, le chiffre le plus faible depuis 1976, si l’on fait exception de l’année 2020, marquée par les confinements. Les autorités espéraient 5,5 % en début d’année. Le pays n’a plus besoin d’afficher plus de 8 % de croissance annuelle pour créer des emplois capables d’absorber l’exode rural des dernières décennies. Mais elle ne peut pas se permettre non plus de descendre trop bas. Concomitamment, la Chine a annoncé une baisse de population, la première depuis les suites de la grande famine de 1959. Jusqu’à présent, le parti communiste a surtout adopté des mesurettes. Les investisseurs, une fois de plus, espèrent que Pékin va enfin sortir l’artillerie (économique) lourde. Je vous donne rendez-vous dans un an pour faire le bilan du réveil chinois.

Patrick Rejaunier
© 2023 zonebourse.com, 19 janvier 2023

Les données relatives aux performances passées ont trait à des périodes passées et ne sont pas un indicateur fiable des résultats futurs. ceci est valable également pour ce qui est des données historiques de marché.

PATRICK REJAUNIER

« Les thématiques historiques comme “l’atelier du monde” touchent à leur fin et le bras de fer engagé avec les États-Unis a changé la donne. »

CHIFFRES CLÉS

80,1 Mds€

C’est le montant des dividendes versés en 2022 et des rachats d’actions par les entreprises du CAC 40.

Source : Bloomberg

2,2 %

C’est le taux de chômage en Suisse. C’est le taux le plus bas depuis vingt ans. Pour cause en partie, la pénurie de personnel.

Source : BCE

200 Mds$

C’est la diminution de la fortune d’Elon Musk en 2022 pour financer notamment l’acquisition de Twitter.

Source : Reuters