ÉDITO

Un optimisme prudent…

Vous l’aurez sans doute remarqué, la plupart des tribunes et autres publications économiques parues dans la presse ou sur les sites spécialisés ces dernières semaines mettent en avant, comme facteur parmi d’autres pouvant conduire à l’optimisme sur l’évolution des marchés boursiers en 2024, le fait que nous serions à l’aube d’un cycle de baisse sur les taux directeurs. Cela avait déjà constitué la principale préoccupation des opérateurs de marché en 2023 : quand cette détente allait-elle commencer ? Et pour cause, nul ne pourrait remettre en question le principe selon lequel un loyer de l’argent plus faible serait favorable au développement économique, en facilitant le financement des projets des entreprises, de création d’infrastructure et la consommation, et par voie de conséquence, un catalyseur de la création de richesse, d’une amélioration des résultats des entreprises et de leurs cours boursiers. Et si ça n’était pas aussi simple ?

Si l’on regarde du côté des pessimistes, certains font un tout autre constat. Ils mettent en avant quelques graphiques représentants, par exemple, sur une période de long terme, les baisses des taux directeurs des banques centrales avec l’évolution des marchés boursiers… Que nous disent-ils ?

Que pendant une baisse massive de taux, il n’est pas du tout évident, loin de là, de voir des périodes de croissance des marchés financiers… On voit même l’inverse en zoomant de manière habile et en présentant juste des faits : au cours du 4e trimestre 1987 et jusqu’à la fin du 1er trimestre 1988, la Réserve fédérale américaine baisse de 1 % ses taux directeurs, l’indice Standard & Poors 500 regroupant les plus grosses entreprises américaines cotées en Bourse perd plus de 20 % (1). Même chose en 2000, après un cycle de 2 ans de baisse, de 2,5 % des taux, le marché perd plus 40 %. Puis de la fin 2007 à la fin 2008, plus de 5 % de baisse des taux, et le marché recule de plus 50 %… Et plus récemment, d’octobre 2019 à mars 2020, avec une détente de plus 2 % des taux et un marché en recul de plus 20 % (1). 

Ces pessimistes prendront évidemment soin de sortir ces graphiques de leur contexte. Ces baisses massives de taux directeurs ayant été provoquées par des crises spécifiques, le krach d’octobre 1987, la crise des valeurs technologiques en 2000, celle des « subprimes » en 2008 aux États-Unis et celle du Covid 19 en 2020. Mais ces faits sont toujours troublants sachant que sur 6 cycles de baisses des taux depuis 1967, 4 voyaient simultanément les marchés se replier (1) … De quoi nourrir le débat !

Que vous soyez optimiste ou pessimiste, vous connaissez sans doute les mots d’ordre de l’équipe de rédaction du magazine Strike : la prudence, la réflexion et le croisement de sources d’informations pour vous faire votre propre opinion ou construire votre scénario d’investissement. Si ce thème vous intéresse, nous en débâterons dans la prochaine émission « TRADE ou Pas TRADE ? », le talkshow de la bourse diffusé sur notre chaîne YouTube SGbourse ! 

Thibaud Renoult
Société Générale Produits de Bourse, 22 janvier 2024

1. Sources Bloomberg

« Nul ne pourrait remettre en question le principe selon lequel un loyer de l’argent plus faible serait favorable au développement économique »

STRIKE 253

CHIFFRES CLÉS

35000 points

C’est le niveau atteint par le Nikkei 225, record absolu depuis février 1990. L’indice japonais a le vent en poupe grâce à la dépréciation du yen et les espoirs des investisseurs misant désormais sur un retour à la normale de l’économie nationale après des années de déflation.
Source : Market Map

64 Mds$

C’est le montant gigantesque de dette contractée par le groupe financier chinois Zhonghzi qui a déposé le bilan au début du mois de janvier dû à son exposition au secteur de l’immobilier en crise.
Source : Bloomberg

-13,25 %

C’est la performance de Tesla depuis le début d’année qui peut s’expliquer par la normalisation suite au rallye exceptionnel de fin d’année et les nouvelles déclarations d’Elon Musk sur la possibilité de détacher le développement de l’IA et de la robotique de l’entreprise automobile.
Source : Market Map