ÉDITO

TARA, TAPA après TINA et TIAA ou le casse-tête des gestionnaires d’actifs…

Épisode 1. Souvenez-vous, à l’été 2019, le monde de la gestion d’actifs utilisait une expression rendue célèbre par Margareth Thatcher lorsqu’en défendant l’économie de marché devant ses détracteurs, celle-ci mettait fin au débat en indiquant « There Is No Alternative », en français « il n’y a pas d’autre choix », et dont les initiales TINA étaient restées… Les gestionnaires d’actifs voulaient signifier de la même manière à certains de leurs interlocuteurs qui leur reprochaient une allocation d’actifs trop importante de leurs portefeuilles en faveur des actions, plus risquées que les obligations, qu’ils n’avaient « pas d’alternative » étant donné la faiblesse des rendements obligataires de l’époque… Le temps leur a donné raison : les indices internationaux avaient rebondi de plus de 30 % en 18 mois !

Épisode 2. Avril 2021, la question suivante commençait doucement à se poser alors que le taux des obligations du trésor américain à 10 ans, « 10 Year Treasury Bond », avait vu son rendement passer de 0,50 % à 1,75 % en 6 mois en comparaison avec un taux de dividende des actions de l’indice américain standard & Poors 500 en dessous, à 1,48 %… On parlait alors de TIAA, « There Is An Alternative » ; en d’autres termes, il existait un plan B pour certains… Alors, près de deux ans après, que s’est-il passé ? Ceux qui ont tenu et défendu TINA en gardant leur position actions ont un portefeuille au même niveau que 2 ans auparavant et ont encaissé leurs dividendes, certes faibles, mais sans perdre sur leur position actions.

Ceux qui ont investi sur les placements alternatifs comme les obligations ont encaissé un rendement légèrement plus attractif mais doivent attendre la maturité de leurs obligations pour retrouver leur capital initial… soit 8 ans(1) . Là encore, le temps a donné raison aux partisans de TINA…

Aujourd’hui, alors que le CAC se rapproche une nouvelle fois de ses plus hauts de début 2022, que les taux américains sont proches des 4 % et les taux de l’OAT en France oscillent entre 2.5 % et 3 %, les gestionnaires d’actifs ne savent plus à quel acronyme se vouer. Alors, plutôt que TINA ou TIAA, certains se montrent prudents avec TARA, « There Are Reasonable Alternatives », en français, « il y a des alternatives raisonnables » au placement en actions… D’autres plus radicaux avec l’acronyme TAPA, « There Are Plenty of Alternatives », ce qui signifie « il y a plein d’alternatives » au placement en actions !

Quoi qu’il en soit, il y a aujourd’hui plus de débat sur l’acronyme à utiliser qu’en 2019, ce qui montre déjà une forme d’incertitude sur la situation actuelle… A suivre !

Thibaud Renoult
Société Générale Produits de Bourse, 19 janvier 2023

1. Les taux ont largement progressé depuis et comme ce type de mouvement se fait au détriment du cours des obligations qui fluctue inversement proportionnellement aux taux d’intérêt (cf. édito Strike février 2022), les porteurs ne peuvent sortir de leurs positions sans matérialiser de moins-value s’ils ne souhaitent pas attendre l’échéance du produit.

… les gestionnaires d’actifs ne savent plus à quel acronyme se vouer.”

STRIKE 242

CHIFFRES CLÉS

80,1 Mds€

C’est le montant des dividendes versés en 2022 et des rachats d’actions par les entreprises du CAC 40.
Source : Bloomberg

2,2 %

C’est le taux de chômage en Suisse. C’est le taux le plus bas depuis vingt ans. Pour cause en partie, la pénurie de personnel.
Source : BCE

200 Mds$

C’est la diminution de la fortune d’Elon Musk en 2022 pour financer notamment l’acquisition de Twitter.
Source : Reuters